- mitonner
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1 ♦ Préparer en faisant cuire longtemps à feu doux. Mitonner un plat. Ragoût mitonné. — Par ext. Préparer soigneusement (un mets, une composition quelconque). Elle nous a mitonné un bon petit dîner.2 ♦ Fig. Préparer tout doucement (qqch.) pour un résultat. Mitonner une affaire. Se mitonner un avenir confortable. — Être aux petits soins pour (qqn). ⇒ cajoler, dorloter.♢ Pronom. Se procurer toutes sortes d'aises et de commodités, se soigner. « Je vous ai laissée vous mitonnant dans votre lit » (Mme de Sévigné).mitonnerv.d1./d v. intr. Cuire doucement dans son jus.d2./d v. tr. Faire cuire longtemps et à petit feu.|| Préparer avec soin (un mets). Mitonner de bons petits plats. Syn. mijoter.⇒MITONNER, verbeA. — 1. Qqn1 mitonne qqc.2 (dans qqc.3). Faire cuire longtemps à petit feu (dans) un liquide. Mitonner une soupe. Elle fait sauter d'un bras plus alerte les pommes de terre (...) à moins qu'elle ne soit occupée à mitonner un ragoût de sa façon (BOURGET, Monique, 1902, p.23).2. Qqc.2 mitonne (dans qqc.3); qqc.2 se mitonne. Cuire longtemps à petit feu. Laisser mitonner une soupe. La soupe mitonnait en gémissant, et c'était une épaisse odeur de poireaux, de carottes et de pommes de terre bouillies qui emplissait la cuisine (GIONO, Regain, 1930, p.222). Une soupe qui se mitonne (ROB.).— P. anal. Être exposé à une très grande chaleur. Synon. cuire. Paris mitonnait; l'asphalte se boursouflait (ARNOUX, Paris, 1939, p.283). On me fourrait au lit. Suffoqué par la chaleur, mitonnant sous les draps, je confondais mon corps et son malaise (SARTRE, Mots, 1964, p.72).B. — P. ext.1. Qqn1 mitonne qqc.2 Préparer avec beaucoup de soin un mets. Synon. mijoter. Mitonner des petits plats. Marcel (...) mitonne sa petite cuisine personnelle (H. BAZIN, Mort pt cheval, 1949, p.300).2. Qqc.2 mitonne; qqc.2 se mitonne. Être préparé avec beaucoup de soin. Il y a à la maison un gros déjeuner qui se mitonne, des vins généreux, et nous avons fait du feu, ma chère, comme des bourgeois (MURGER, Scène vie boh., 1851, p.230).C. —P. métaph. ou au fig.1. [Le compl. d'obj. désigne qqc.]a) Qqn1 mitonne qqc.2 Préparer quelque chose avec soin, peu à peu et généralement en secret, en vue d'un certain résultat. C'était par quelque tour de Jarnac qu'il espérait démonter l'élève et l'avoir: évidemment, il mitonnait un coup (CLADEL, Ompdrailles, 1879, p.18). Mes amis, il mitonne pour nous une pleine marmite de joie! (ROMAINS, Copains, 1913, p.184).b) Qqc.2 mitonne. Être préparé avec soin, peu à peu, généralement en secret, pour un résultat. Il sentait mitonner sourdement les affaires (POURRAT, Gaspard, 1922, p.57).2. Vieilli. Qqn1 mitonne qqn2. Entourer quelqu'un de prévenances, généralement à des fins intéressées. Synon. dorloter. Petit z-à petit je commence à jouer du radouci, je fais, comme on dit, l'âne pour avoir du son, je vous la mitonne, je vous la caponne [la marchande de vin] (BALZAC, Œuvres div., t.1, 1830, p.575). Les religieuses l'aimaient à la folie. Il était plus mitonné qu'un perroquet de cour (A. FRANCE, Pt Pierre, 1918, p.160).REM. 1. Mitonné, -ée, part. passé en emploi adj. Qui a été cuit longtemps, avec beaucoup de soin. Soupe mitonnée. Des croûtons mitonnés dans la plus fine graisse d'oie (GAUTIER, Fracasse, 1863, p.61). «Pépère» appréciait ses sauces mitonnées (VIALAR, Brisées hautes, 1952, p.15). Emploi subst. masc. Ça sent le lit défait, la plume vivante, la sueur, le mitonné (RENARD, Journal, 1901, p.684). 2. Mitonnade, subst. fém., hapax. Mets mitonné. La cuisinière réussissait (...) les oreilles de porc aux haricots rouges (...). C'est le principe du cassoulet, avec un je ne sais quoi (...) d'enveloppé, que possède la mitonnade de ces fayots de roi (L. DAUDET, Salons et journaux, 1917, p.186). 3. Mitonnement, subst. masc. Action de mitonner. P. anal. Je roupille jusqu'à des huit heures trente, et ne me lève qu'après avoir bâillé des douzaines de fois, et m'être offert un quart d'heure de mitonnement supplémentaire (ROMAINS, Hommes de bonne volonté, t.VIII, II, p.16-17 ds ROB.). P. méton. Les vivats (...) retentirent, qui ne s'apaisèrent qu'au bout d'un moment, après avoir décru (...) du brouhaha au mitonnement des conversations (ARNOUX, Roi, 1956, p.278).Prononc. et Orth.:[
]. Ac. dep. 1694: mitonner. Étymol. et Hist. 1. a) 1546 verbe trans. «laisser cuire longtemps sur un feu doux (en parlant surtout de la soupe); d'où préparer doucement, apprêter et finalement caresser, dorloter» (RABELAIS, Tiers Livre, éd. M. A. Screech, Prologue, 111); b) 1694 verbe pronom. la soupe se mitonne (Ac.); 2. a) 1649 «préparer doucement (une affaire) afin d'en assurer le succès» (RETZ, Œuvres, éd. A. Regnier, t.2, p.393); b) 1651 «entourer (quelqu'un) de petits soins, dorloter (souvent dans un but intéressé)» (LORET, Muze histor., 29 oct. ds LIVET Molière). Empr. à un parler de l'Ouest, où il a été tiré de mitonnée «panade», lui-même dér. de miton «morceau de mie» (très att. en norm.), lequel est dér. de mie1 (BL.-W.5). Fréq. abs. littér.:17. Bbg. QUEM. DDL t.1 (s.v. mitonnade).
mitonner [mitɔne] v.❖———I V. intr. Cuire longtemps à petit feu dans l'eau ou le bouillon. ⇒ Bouillir, mijoter. || Potage qui mitonne. || Faire mitonner un plat. || Laisser mitonner plusieurs heures.1 (…) la soupe mitonnait en gémissant (…)J. Giono, Regain, II, IV.2 Il existe en province deux conversations, celle qui se tient officiellement quand tout le monde est réuni, joue aux cartes et babille; puis celle qui mitonne, comme un potage bien soigné, lorsqu'il ne reste devant la cheminée que trois ou quatre amis de qui l'on est sûr (…)Balzac, le Député d'Arcis, Pl., t. VII, p. 643.———II V. tr.1 Préparer en faisant cuire longtemps à feu doux. || Mitonner une soupe. — Par ext. Préparer soigneusement (un mets, une composition). || Elle nous a mitonné un bon petit dîner.3 (…) il avait gardé le goût de la botanique et une disposition marquée à mitonner des remèdes.G. Duhamel, Inventaire de l'abîme, IV.2 Par métaphore, fig. Préparer tout doucement (une personne, une chose) pour un résultat. || Mitonner une affaire. || Se mitonner un avenir confortable. || Mitonner un client éventuel.4 Élisabeth conçut aussitôt de le mitonner pour sa fille, et de former elle-même son gendre, en calculant ainsi à sept ans de distance.Balzac, les Employés, Pl., t. VI, p. 907.5 Il prépare cette riposte et la mitonne comme une cuisine empoisonnée.G. Duhamel, Chronique des Pasquier, VI, XV.♦ (1651). Par ext. || Mitonner qqn, être aux petits soins pour lui. ⇒ Cajoler, dorloter.6 (…) il (Ch. de Sévigné) a bien d'autres affaires qu'à me mitonner (…)Mme de Sévigné, 617, 23 juin 1677.——————se mitonner V. pron. (sens passif).♦ Mitonner. || Soupe qui se mitonne. Fig. || Affaire qui se mitonne. — (Réfl.). « Se procurer toutes sortes d'aises et de commodités » (Littré), se soigner.7 (…) je vous ai laissée vous mitonnant dans votre lit, faisant la mignonne.Mme de Sévigné, 1263, 8 févr. 1690.——————mitonné, ée p. p. adj.♦ || Ragoût mitonné. || De petits plats mitonnés. — N. m. Vx. (XVIIe). || Un mitonné : un plat mitonné.♦ Par métaphore, fig. || Affaire bien mitonnée.❖DÉR. Mitonnage, mitonnement.
Encyclopédie Universelle. 2012.